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Victoria Marques Pinto artwork

Victoria Marques Pinto

Artiste portugaise de 28 ans, Victoria Marques Pinto a inscrit sa pratique dans un rapport intime aux paysages des côtes européennes dont elle parcourt le tracé depuis 2019. Elle en révèle les évolutions, souvent invisibles, et pourtant de plus en plus rapides, afin de mettre en lumière les multiples incidences des activités humaines. Elle s’intéresse de fait, dans une pratique expérimentale de l’arpentage, au décalage dangereux qui peut exister entre notre perception de ces changements et leur véritable poids.

Les déchets plastiques auxquels elle s’attache plus particulièrement dans Imminent Impressions sont ainsi pour la plupart, contrairement aux idées reçues, invisibles voire complètement intégrés au paysages qu’ils étouffent peu à peu. La recherche de Pinto se concentre ainsi sur la possibilité de donner à ces myriades de fragments synthétiques une visibilité nouvelle et une seconde vie. Ici, leurs répercutions sur la transformation des écosystèmes prend forme au cœur des productions de l’artiste par le découpage, le collage et l’intervention picturale. Suivant un méticuleux protocole de traçage, comptage, pesée et répertoriage, l’artiste intègre ainsi ses trouvailles plastiques au beau milieu des paysages où elle les a ramassés. Tels des icebergs à la dérive et des iles artificielles, les microscopiques morceaux de plastiques se découpent sur des fonds colorés irréels peints par l’artiste, soulignant l’hybridation grandissante, entre productions humaines et éléments naturels, de notre monde.

Le surréalisme de ce travail traduit un sentiment commun de décalage entre ce qui raconté et montré de ces matières polluantes, et leur réalité tangible. Mais il témoigne également d’une profonde volonté d’inventer de nouvelles conditions au réel que nous connaissons. Ses interventions picturales invitent ainsi au réemploi créatif et s’opposent à l’idée selon laquelle les paysages, inanimés et passifs, s’offrent à nous tels quels. Dans une forme de résistance, l’artiste bâti par ce geste une continuité entre représentation et représenté, rappelant les implications du regard et l’attention qu’il requiert.

L’artiste pousse plus loin cette réflexion autour de ce qu’il est possible de faire de ces résidus dans sa dernière série, Lost Paradise, révélée lors de la 7ème édition d’A ppr oc he. Elle s’y penche sur les pièces laissées de côté dans son processus créatif, s’interrogeant sur les usages possibles de ces éléments dont la fonction première est dépassée. Elle souligne là notre défis collectif contemporain, situé plus dans leur réemploi que dans la production effrénée d’alternatives. Victoria Marques Pinto ouvre ainsi la voie en leur insufflant, dans cette série de petits formats, un second souffle par leur projection au sein d’images tirées de sa propre enfance. Tantôt cage de football, tantôt radeau à la dérive ou plantes, ces fragments colorés invitent ainsi le jeu au cœur de ces problématiques et renvoient aux propositions de philosophes telles que Donna Haraway, Anna Tsing ou Vinciane Despret.

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