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Marguerite Bornhauser

La couleur, dans toute son autonomie expressive et communicative, constitue depuis une dizaine d’années le fil de la photographe Marguerite Bornhauser. Sa pratique au croisement de l’expérimentation et de l’instantanéité donne corps à un lexique visuel émotif et vibrant par lequel cette ancienne élève de l’ENSP se penche sur la texture même du réel. À l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, When black is burned publié chez Simple Editions, la photographe présente avec la Galerie Porte B. trois séries lors de la 7ème édition du Salon A ppr oc he.

À la suite de sa présentation au Musée Arles Antique la même année, la série Back to dust, 2016-2023, est ici proposée dans une version réduite, introduisant néanmoins ce travail démarré en sortie d’études. Ancré dans un site de fouille du quartier de Trinquetaille à Arles, les échelles et temporalités s’y croisent et s’y brouillent constamment, mariant logements sociaux des années soixante et vestiges de l’ère romaine. Des vues quasi abstraites au microscope y dialoguent avec des clichés au télescope et poussière d’étoiles, fragments de fresques millénaires ainsi que matériaux employés par les archéologues s’y mélangent. C’est une véritable réflexion autour de la condition humaine que propose ainsi la photographe, mariant éphémère et immortalité, artefact et organique, infiniment grand et infiniment petit.

En dialogue avec cette série et exposée pour la première fois, We are melting, 2023, prend la forme de quatre tirages aux techniques mixtes. S’y rencontrent des agrandissements numériques d’amorces de pellicules couleurs et de la peinture sur vitrail. Ces pièces uniques introduisent notre rapport profondément sensoriel voire émotif aux variations de température que subit notre climat, phénomène pourtant volontiers présenté sous forme de données abstraites, de chiffres ou de codes couleurs désincarnés. L’artiste souligne ainsi l’aspect chimérique de l’approche rationnelle qui nous en est proposée, souvent rassurante face à la précarité caractéristique de notre époque. C’est ainsi une réappropriation intime, subjective, et par-dessus tout consciente de ce phénomène global auquel invite la photographe.

Enfin, une troisième série propose une réécriture spatiale de certains clichés tirés de son dernier ouvrage. En dialogue avec Léa Dumayet, Marguerite Bornhauser y repense la présentation de ses images dans l’espace, muséal ou non. Elle dérange de fait le rapport de consommation que nous y entretenons habituellement. Donner corps et consistance à ces photographies invite ainsi au mouvement, à la perception de leur matérialité et de la manière dont elles interagissent avec leur environnement. Mais il s’agit également d’une incitation à les penser, au-delà de leur nature référentielle, comme objets à part entière. Do Ghosts Have Shadows? propose ainsi une expérience photographique immersive et poétique, appel à repenser nos usages des image.

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