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Jean-Vincent Simonet

Issu d’une famille d’imprimeurs industriels, Jean-Vincent Simonet s’est engagé dans une recherche expérimentale au long court. Il y interroge et tente d’y réinventer le rapport que nous entretenons aux images et plus largement au réel. Sa pratique de la photographie se développe ainsi à rebours des protocoles en vigueur au sein de l’usine familiale, symbole d’une considération purement objectivante et re-productiviste de l’image, conception aujourd’hui largement globalisée et dématérialisée. L’artiste développe son approche artistique en dehors des heures d’activité de l’usine, déjouant l’usage des machines, leurs encres, leurs supports.

Dans sa dernière série, Mechanical Paintings, présentée cette année au Salon A ppr oc he par la galerie Intervalle, l’artiste emploie ainsi un papier plastique parfaitement inadapté à l’impression. Les encres n’y sèchent qu’après plusieurs heures et laissent ainsi un temps considérable à l’artiste pour en explorer toute la consistance, la matérialité, l’épaisseur. Son travail ne garde de son origine photographique qu’une sorte de persistance rétinienne, permettant néanmoins chaque fois de deviner l’image derrière les interventions plastiques. Ces dernières inscrivant l’œuvre de Jean-Vincent Simonet dans une dimension quasi picturale par l’emploi d’un lexique visuel composé de coulures, brossages, traces de mains ou encore actions directes des éléments, loin de toute notion de pixels, de DPI ou de calibrage couleurs. 

Les détails si chers à la photographie classique disparaissent au profit de subtils filets pigmentaires par lesquels les clichés de Simonet se décomposent en œuvres vivantes. L’archéologie des couleurs qu’il opère par leur manipulation autant que par l’étude de leur histoire (inspiré par les travaux de Carolyn L. Kane) nous mène dans un univers où la copie conforme et mécanique du monde se mue en objets visuels autonomes et organiques. Les artifices mis en place par l’industrie pour copier et duper le réel – comme les enseignes publicitaires ou les mouches de pèche autour desquels se construit la série LURES – sont ici pour l’artiste les instruments d’une critique sensible et artisanale de leurs effets sur notre rapport collectif et individuel aux images, et, de fait, au réel.

À ceci s’ajoute la dimension profondément libératrice de la facilité de manipulation qu’offrent ces tirages, poussant la désacralisation de l’image jusqu’à son paroxysme. L’artiste et son galeriste s’amusent ainsi à étendre par terre, accrocher et décrocher du mur ces grandes impressions animées d’un vie qui ne laisse que peu de souvenirs de leur origine mécanique.

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