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Jannemarein Renout

En parallèle d’une carrière de juriste, Jannemarein Renout n’a cessé de nourrir sa passion pour les arts plastiques par une formation éparpillée bien que constante dans ce domaine. Récemment diplômée d’un Master en peinture à la Frank Mohr Institute, l’artiste néerlandaise développe depuis plusieurs années une approche singulière du medium photographique. Les interactions et enrichissements réciproques du technique et du sensible y constituent le socle d’une pratique expérimentale, au croisement de l’expression et de questionnements théoriques, philosophiques, introspectifs.

Avec sa série Rain, présentée à A ppr oc he en 2023 par la galerie BART, l’artiste devenue maitresse dans le mésusage des outils photographiques questionne leur capacité à transmettre la richesse des expériences qu’ils prétendent « figer » et « immortaliser ». Plus précisément, elle sonde ici la mesure dans laquelle ces outils sont aptes à saisir et traduire la dimension sensible, sensuelle et intime d’une poignée de minutes passées à observer les nuages. En réponse à ces réflexions, l’artiste détourne dans un geste maintenant systématique de sa pratique – qu’un journaliste aura même qualifiée de « renogrpahie » – un outil rarement présent dans le paysage artistique photographique : le scanner à plat. Dépasser ses usages intrinsèques – en éteignant ses LED, retirant son couvercle et en le plaçant en extérieur – permet à l’artiste d’ouvrir cet appareil à un univers de captation inédit, entre abstraction picturale, art numérique et photogramme.

Écho aux premières expérimentations photographiques ainsi qu’aux plus récents travaux autour de la computation électronique, les œuvres aux couleurs éclatantes de la série Rain explorent et subliment la conversion arbitrairement opérée par la machine à partir des informations visuelles qui lui parviennent. Placer 3 jours durant ses scanners ouverts sur le ciel et ses caprices lui a fourni la matière première à partir de laquelle construire ce corpus visuel unique au sein duquel abstraction et figuration s’entremêlent. Développant une réflexion aussi poétique que théorique autour de la notion de réel et du rapport sensible que nous y entretenons, l’artiste imprime directement et dans divers formats les fichiers ainsi produits. C’est ainsi l’impact de la technique sur nos perceptions, mais aussi la signature, habituellement invisibilisée, de cette « black-box » qu’est l’appareil photographique qu’elle nous propose d’observer.

De plus, les quelques dix-neuf minutes nécessaires au scanner pour réaliser sa captation font de ces œuvres des sortes de capsules temporelles. Chaque cliché témoigne ainsi d’un laps de temps dépassant de loin l’instantanéité rattachée au medium et interroge ce qu’il reste, à la sortie de la machine, de ce qu’a vécu son opérateur.rice. Cependant, loin de poser une critique unilatérale, Jannemarein Renout explore également le riche apport en matière de création visuelle des outils mécaniques. La poésie de ses œuvres hybrides nous invite ainsi à porter attention, dans une perspective profondément subjective, à la richesse du monde qui nous entoure. 

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