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Anne-Lise Broyer

Comment témoigner par l’outil photographique d’une expérience littéraire ? Est-il possible de transformer les mots en images ? De quelle manière prolonger l’acte photographique au-delà de la rupture qui lui est associée ? Ou encore comment relier la photographie au photographié, et ainsi imaginer élargir les limites du medium ?

Autant de questions qui guident le travail d’Anne-Lise Broyer. Laquelle tisse depuis une vingtaine d’années un dialogue étroit entre son vécu de lectrice, lent et réflexif, et celui de photographe, plus extravertie, spontanée. Systématiquement basé sur des textes que l’artiste file et décortique, cette œuvre prend la forme d’un corpus iconographique à la texture particulière, ouatée, oscillant entre imaginaire et réel, intériorité et extérieur.

Dans les deux séries présentées lors de la 7ème édition du Salon A ppr oc he, Anne-Lise Broyer se confronte aux limites de son outil, et en particulier à sa capacité de rendre pleinement l’expérience dont il témoigne. Face à l’instantanéité qui caractérise ce medium et la frustration de l’arrêt (sur image) que représente le tirage final, la photographe s’est lancée dans une série d’expérimentations, explorations, hybridations dans le but de dénicher un moyen d’étendre ce temps de création. Invitant peu à peu mots et symboles parmi les grains d’argent, donnant naissance à une nouvelle extension de sa pratique et transformant ses tirages argentiques en support à un geste pictural : le dessin à la mine de graphite. Elle libère ainsi l’expérience photographique, sur un temps de production étendu parfois jusqu’à 2 mois, de la fixité de l’image et de son renvoie à une réalité donnée. Sa main en guise de canal entre intériorité, tant d’elle-même que des spectateur.rice.s ou auteur.e.s, et monde tangible, Anne-Lise Broyer ouvre les frontières de son outil par le dépassement de sa dimension mécanique.

Entre graphie et photographie, le mariage chimique de la graphite et de l’argent brouille les perceptions et propose une nouvelle réalité à notre attention. Écho à l’univers littéraire, les jeux de lumière qui animent les tracés s’assurent quant à eux de la singularité de chaque expérience. Les formes, figures et interactions qui s’offrent ainsi au regard tissent là un dialogue subtil repoussant les usages de l’image photographique. Du réel à la psyché, Anne-Lise Broyer interroge ainsi l’illusion de réalité qui caractérise ce medium, le ramène à son statut d’outil et l’assoie dans la subjectivité dont il dépend.

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